La Chaire « Innovation & Régulation des Services Numériques »

En 2007, L’École polytechnique, Télécom Paris (Institut Mines-Télécom) et Orange ont décidé la création d’une Chaire « Innovation et Régulation des services numériques » pour contribuer à l’élaboration et l’animation d’une réflexion théorique de référence. Ils ont souhaité ensemble développer les compétences et la recherche en cette matière, comprendre et analyser ses fondements en théorie économique.

L’École Polytechnique et Télécom Paris qui délivrent des formations d’excellence pour des ingénieurs et des scientifiques de haut niveau, détiennent dans le domaine de l’économie numérique, une expertise reconnue. Le Groupe Orange qui entend accroître sa collaboration avec des établissements d’enseignement supérieur et de recherche a souhaité participer aux développements de la recherche et de l’enseignement sur ce thème d’intérêt général.

La Chaire entend développer les thématiques suivantes

  • création, production, développement et consommation des services de l’immatériel et du secteur des technologies de l’information et de la communication,
  • dynamique d’innovation, principes et outils de régulation et leurs effets économiques à moyen et long termes.
    Sur ces thèmes, la Chaire a également vocation à dispenser des enseignements propres à former des praticiens et professionnels confrontés aux questions d’économie et de régulation de l’économie numérique. En particulier, la Chaire propose un parcours de Master.

Les objectifs d’animation de la recherche poursuivis par la Chaire sont réalisés via

  • l’organisation et la coordination de séminaires d’échanges interdisciplinaires,
  • l’accueil de professeurs et chercheurs étrangers de haut niveau,
  • l’accueil de post-doctorants et de doctorants choisis parmi les meilleurs candidats au plan international,
  • la production de travaux de synthèse, d’états de l’art ou de prospective.

Le programme de recherche et d’enseignement proposé porte sur les thèmes de travail suivants

Comprendre et anticiper les restructurations de chaînes de valeur nées de la numérisation des services d’information et de communication

Comment se transforme la structure industrielle du secteur des TICs (compétition, partenariats, fusions-acquisitions, innovation et relations verticales équipements /réseaux/logiciels /medias) ? Comment se transforment les modèles économiques des entreprises du secteur comme ceux des entreprises et des secteurs fortement impactés par l’usage des technologies de l’information et de la communication ? (dans l’industrie et les services marchands traditionnels, mais aussi la santé ou l’éducation) Quels sont les processus d’anticipation et de création de services et de diffusion des services nouveaux ? Dans quelles conditions et par quels mécanismes, la formation particulière des marchés de ces nouveaux services permet-elle le financement durable des infrastructures. Quels mécanismes économiques d’ajustements entre les cycles courts d’introduction et de diffusion de nouveaux services et les cycles longs de financement des infrastructures de réseau ?

Comprendre et anticiper les évolutions de la demande

En matière de communication, les usages ont très souvent « débordé » ou « détourné » l’offre de services pour refléter concrètement les évolutions de la société insuffisamment anticipées (et/ou difficilement anticipables) par les opérateurs et les entreprises. On observe aujourd’hui, des phénomènes «d’innovation ascendante», de co-construction des innovations avec les utilisateurs qui transforment la relation des entreprises avec leurs clients et impactent les mécanismes traditionnels de concurrence. Quelles conséquences peut-on en tirer sur la formation des marchés ? Quel est l’impact des phénomènes de « longue traîne » et « d’hypersegmentation » ? Quelles sont les conséquences de cette implication de l’utilisateur sur la protection de la vie privée d’une part et sur les risques d’exclusion des utilisateurs peu ou non impliqués, d’autre part ?

Analyser les modes de régulation des marchés en renouvellement, anticiper et évaluer les modes de régulation qui pourraient prévaloir à moyen et long terme

Comment, en couvrant une approche historique autant que prospective, peut-on anticiper la convergence/coordination des régulations issue de la « convergence » des réseaux, des services, des usages ? Peut-on mesurer les effets des modes de régulation sur l’innovation, la croissance, le bien-être des consommateurs, dans toutes les dimensions de diffusion des équipements, des services, des usages (pénétration/péréquation/segmentation). Les usages sont en même temps le révélateur et le lieu de confrontation des régulations sectorielles des infrastructures et services de télécommunications, des infrastructures et services de télédiffusion, des services audiovisuels, des droits d’auteur, de la protection de la vie privée et de la régulation de la concurrence. C’est également le lieu où se forment des mécanismes nouveaux d’autorégulation, d’intermédiation, des réévaluations de l’éthique, de la déontologie ?

Évaluer les modes de pilotage institutionnel

Évaluer les modes de pilotage institutionnel (politiques publiques, «gouvernance» sectorielle,…) y compris au regard des liens entre territoires et communication (en particulier aux extrêmes de l’équipement des zones rurales d’une part et de la mondialisation d’autre part. Comment cette relation au(x) territoire(s), avec les questions de souveraineté et de sécurité qui accompagnent leur gestion, comment la demande d’universalité des services, (avec les questions de standard, d’interconnexion, d’interfonctionnement) interfèrent-elles avec les modes de régulation ?

 

José L. Moraga

Professeur Titulaire de la Chaire Innovation & Régulation des Services Numériques